Débarquement à l'improviste {PV Angélique}

Alice emboîta le pas à Angélique tout en gardant un oeil sur sa baguette. Celle-ci pivotait quelques fois mais sans jamais vraiment changer de direction. Il devait sans doute y avoir quelque chose ici qui perturbait le champ magnétique des pôles. Inutile pour le moment de s'en inquiéter. La jeune Serdaigle repensa à ce qu'Angélique avait dit sur sa soeur, sur le fait qu'elles soient si différentes. Elle avait déjà vu Anya, mais seulement de loin, car elle évitait encore de trop s'approcher des Serpentard. On ne peut jamais savoir à quoi s'attendre avec eux... Comme tout le monde elle avait été frappée par la ressemblance extraordinaire entre les deux soeurs. Il était quasiment impossible de les différencier sans leurs uniformes, quoique Angélique avait peut-être une expression plus douce sur le visage. Elle se demanda si celle-ci regrettait ce manque de complicité avec sa soeur. Alice ne pouvait pas comprendre. Elle s'entendait très bien avec sa famille et surtout avec ses deux frères, Charlie et William. Elle se risqua à poser une question.

"Dis-moi, pourquoi tu n'as pas été élevée avec ta soeur ? Tu n'es pas obligée de répondre, je comprendrais très bien, puis je me mêle sans doute de ce qui ne regarde pas..."

Elle baissa la tête vers sa baguette en faisant semblant de s'attacher aux nervures du bois de rose. Il est parfois plus facile de se confier quand on sent que la réponse n'est pas attendue immédiatement.
Alice ne savait pas si Angélique lui parlerait, mais elle espérait qu'elle ne la prendrait pas pour quelqu'un d'indiscret, car c'était tout sauf elle. Elle releva le nez, des picotements dans la nuque. Il se passait quelque chose...
Il y avait comme une lueur, là-bas, tremblante et fragile dans l'immensité des ténèbres.

Alice fit un petit sourire compréhensif à Angélique lorsque celle-ci évoqua le comportement de sa soeur. Comment pouvait-on jetter un sort à un membre de sa famille, surtout quand il vous ressemblait comme deux gouttes d'eau ? Ce serait comme se mépriser soi-même, pensa la jeune Serdaigle.

Elle regardait toujours l'arche quand Angélique parla de son animagus. Alice écarquilla les yeux et ne put s'empêcher de s'exclamer :

"Tu es un Animagus ?! C'est incroyable, mais tu dois être drôlement douée en magie alors ?!"

Puis elle se reprit et continua un peu plus calmement, saisissant pleinement la portée des paroles de son amie.

"Alors, je... Moi je reste là, c'est ça ? Je crois aussi qu'on a pas le choix, c'est la meilleure chose à faire. Sois prudente d'accord ? Si il y a le moindre danger, on cherchera une autre sortie."

Alice serra plus fort sa baguette entre ses doigts. L'idée de se retrouver seule dans cet endroit obscur ne l'enchantait guère, mais elle aurait préféré renoncer à ses pouvoirs plutôt que de manquer de courage en ce moment. Elle fit un bref sourire. Alice n'avait jamais assisté à la métamorphose d'un Animagus, sauf bien sûr celles du professeur McGonagall, mais là c'était différent. Angélique était très jeune, et malgré toutes ses craintes, la curiosité se lisait dans les yeux de le jeune Serdaigle. Alice avait toujours espéré devenir un Animagus, mais le destin en avait décidé autrement, et elle s'était résigné. Elle ne ressentait aucune jalousie envers ceux qui avait reçu ce pouvoir, juste l'envie d'en savoir un peu plus.

Alice hocha la tête et attendit. Elle regarda Angélique fermer les yeux et se concentrer. Quelques instants plus tard, elle était devenue aigle.
Alice suivit son vol des yeux jusqu'à ce qu'elle soit éblouie par la lumière.

"Bonne chance" murmura-t-elle.

Elle s'assit doucement sur le sol de pierre et dessina distraitement dans la poussière. Elle ne voulait pas laisser la peur s'emparer d'elle. Elle s'était placée de manière à être constamment devant la lumière, ce qui lui évitait de regarder les ténèbres derrière elle. La jeune fille ne s'était jamais sentie aussi perdue. Le problème quand on est seul, c'est que peronne n'est là pour vous rassurer. Et malgré tout ses efforts, le doute commença à l'envahir. Depuis combien de temps Angélique était-elle partie ? N'était-ce pas un appel à l'aide qu'elle venait d'entendre ? Quel était donc ce bruit de pas ? Que ferait-elle si il était arrivé quelque chose à son amie ?
Alice s'obligea à se calmer, et y parvint au bout de quelques minutes. Son battait terriblement, elle avait l'impression qu'on aurait pu l'entendre à l'autre bout de la caverne. Il fallait qu'elle se concentre sur autre chose, et le meilleur moyen pour ça était de faire quelques sortilèges. Elle en essaya donc plusieurs, tous réussis. Elle parvint même à rendre un rocher phosphorescent, ce qui rendait l'atmosphère du lieu un peu moins sinistre. Alice aurait aimé qu'il y ait un bruit continu, le délicat son d'un cours d'eau par exemple, pour rompre l'écharpe dense de silence qui tissait sa toile autour d'elle. Elle avait arrêté de compter les minutes. Qu'avait donc trouvé Angélique dans la lumière ?

Alice leva la tête en entendant un bruit de pas. Elle eut un grand sourire quand elle vit que c'était Angélique qui était de retour. Elle s'avança vers elle et ne put s'empêcher de noter une certaine lueur - d'inquiétude ou de lassitude ? - dans les yeux de son amie. Alice fronça les sourcils. Elles n'étaient sans doute pas encore tirées d'affaire...

"Oh, tu as bien fait... Je suis contente qu'il ne te soit rien arrivé tu sais !"

Elle sourit et reprit d'une voix incertaine.

"Bon, et bien je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à aller voir."

Alice avait une crainte. Angélique n'avait mis en tout et pour tout que quelques minutes à trouver la forêt, le problème c'est qu'elle avait volé. Sans doute à une vitesse incroyable. Alors combien de temps faudrait-il à Alice pour parcourir cette distance ? Elle n'avait jamais été très sportive, et l'idée de marcher une demi-heure après toutes ces émotions ne l'enchantait guère ; elle fit cependant un effort et n'en laissa rien paraître.
Le passage en lui-même n'était pas effrayant, puisqu'il était baigné par la lumière. Il était néanmoins si étroit qu'il était impossible de marcher à deux de front. Cette impression d'être coincée dans une sorte de tuyau n'était pas du tout rassurante. Finalement, au prix de plus d'un quart d'heure de marche, Alice vit la forêt pour la première fois.
Elle avait beau être préfète, elle s'était déjà rendue plusieurs fois dans la forêt Interdite. Alors soit cette forêt était la même, soit elle lui ressemblait extrêmement.

"Angélique ? Tu pourrais essayer de voler au-dessus des arbres et essayer de repérer quelque chose ?"

Il y avait bien du ciel au-dessus de leurs têtes, néanmoins c'était assez étrange. On aurait dit que ce ciel était la prolongation directe des roches du passage d'où elles venaient d'émerger. C'était un leurre, un sortilège pour faire croire qu'elles était arrivées au dehors. À moins que ce ne soit pour leur faire croire qu'elle n'étaient pas encore sorties ? Il n'y avait qu'un moyen de vérifier cela, et seule Angélique pouvait les aider.

Alice suivit le vol de l'aigle dans le ciel. Ce devait être génial de voir le monde en-dessous de soi. Elle s'était déjà essayée au Quidditch l'année dernière, et avait même fait un temps partie de l'équipe de Serdaigle, mais ça ne lui convenait pas. De un elle n'aimait pas les contraintes que lui imposaient les entraînements, de deux elle s'était vite aperçue que tous les joueurs n'étaient pas fair-play, à son plus grand désarroi.
Lorsque son amie revint vers elle sous forme humaine et qu'elle lui rapporta ses observations, Alice ne put s'empêcher de soupirer.

"C'est pas vrai... On n'en sortira jamais."

Elle s'assit par terre sur un tapis de mousse moelleuse et enfouit son visage dans ses mains. Elle avait envie de pleurer, de laisser tomber, de rester là et de laisser le hasard décider de son sort. C'est la faute à la fatalité. Elle pensa à ses parents, et surtout à ses frères, à Charlie et à William, qui aurait bien pu les aider, puisqu'il avait déjà passé son permis de transplanage. Pourquoi fallait-il qu'il ne soit jamais là quand on a besoin de lui, celui-là ? Alice regretta ses pensées aussitôt. C'était inutile de s'en prendre à ceux qui n'était pas là. Il fallait continuer. Sauf qu'elle ne pourrait pas tant qu'elle aurait en elle cette peur. Sans qu'elle eut besoin de les appeler, les larmes montèrent. Elle ne fit rien pour les retenir. Elle pleura en silence, sans penser à rien, juste avec ses craintes au fond du coeur, jusqu'à ce qu'elle sentit qu'elles s'estompaient. Peu à peu elles furent remplacées par une froide détermination.
Elle se releva, essuya ses joues mouillées d'un revers de la main et commença à marcher.

"Désolée, ça n'arrivera plus, j'aurais pas dû craquer. Il faut absolument qu'on garde confiance sinon on est perdues. Oh, et il vaut mieux que tu marches devant pour m'indiquer la route, on va à la rivière alors ?"

Alice ne dit rien mais fut reconnaissante à Angélique de ne pas l'avoir jugée dans ce petit moment de faiblesse. Elle la suivit donc en marchant d'un bon pas. Tout en avançant, elle regardait à droit et à gauche, tâchant de graver ces instants dans sa mémoire. La forêt était somptueuse, très dense, chaque arbre semblait être en communion avec ses frères. Alice trouvait tout cela émouvant. Elle sourit, car elle reconnaissait là une phrase qu'elle se répétait souvent : dans les pires moments il y a toujours de la lumière et un espoir auquel se raccrocher, certains ne veulent tout simplement pas le voir et c'est comme ça qu'ils en arrivent à déprimer.
Alice était tellement plongée dans ses pensées à savourer la nature qui l'entourait qu'elle n'avait même pas fait attention aux longues minutes de marche qui s'étaient écoulées. Ce fut le tambourinement de son coeur dans sa poitrine qui lui signala qu'elle aurait tout intérêt à se concentrer un peu sur sa respiration au lieu d'avoir le nez en l'air si elle ne voulait pas s'évanouir dans les prochaines minutes.
Alice et Angélique arrivèrent au croisement. La jeune Pousouffle n'hésita pas et bifurqua à droite, suivie de près par Alice qui ne tenait tout de même pas à se perdre maintenant. Le chemin ici était en pente assez raide, et la jeune fille faillit tomber à plusieurs reprises. Elle parvint à chaque fois à se raccrocher à une touffe d'herbe ou à une rocher. Elle se demandait bien qu'elle allure elle pouvait avoir à se tenir aussi courbée pour avoir son centre de gravité plus près du sol. Ce serait trop idiot de rouler tout en bas et de se casser la cheville ou pire encore.
Lorsqu'elle arriva en bas, enfin, elle continua à suivre Angélique. Toutes les deux longeaient la rivière depuis plusieurs minutes, et Alice se demandait si elle pouvait se permettre de demander à faire une halte, et aussi comment son amie arrivait à marcher à un tel rythme sans s'arrêter. Heureusement elle n'eut aucune question à poser, puisqu'Ange fit une pause d'elle-même. Alice en profita pour reprendre son souffle.
Elle arrivèrent ensuite devant une cavité tellement étroite qu'il fallait se tenir à quatre pattes pour y passer. Et là Alice eut un terrible blocage. Elle n'avait jamais souffert de claustrophobie, mais en même temps elle n'avait jamais eut à ramper dans une grotte ! L'entrée béante et obscure la terrifiait. Angélique était passée depuis longtemps, ou du moins ce qui semblait une éternité à Alice. Elle ne voyait pas de solution.

*Oh mon dieu oh mon dieu*

C'était décidément trop bête ! Elle n'aurait pas eu peur du monstre qui rôdait dans le tunnel et voilà qu'elle devrait s'incliner devant un tunnel ?? Alice ma fille il faut te reprendre en main ou tu finiras tes jours dans une bibliothèque miteuse dans l'Allée des Embrumes, pensa-t-elle.
Elle s'engagea prudemment dans le tunnel, puis avança à toute vitesse pour en sortir le plus rapidement possible. Lorsqu'enfin elle put se relever, elle vit Angélique plus loin, puis le lac souterrain. C'était un spectacle merveilleux. L'eau était d'une couleur surnaturelle, presque bleu turquoise, et il y avait au fond une sorte de bioluminescence qui l'éclairait de façon spectaculaire.
Quand elle entendit les mots de son amie, Alice eut un petit sourire. Elle avait certes peur de l'enfermement, mais la natation, elle connaissait. C'était d'ailleurs le seul sport qu'elle ne rejetait pas, tout simplement parce qu'elle n'avait jamais considéré le fait de nager comme un sport barbant.

"Et bien allons-y dans ce cas" fit-elle malicieusement.

Après s'être assurée qu'Angélique n'avait besoin de rien, elle se jeta un sort de réchauffement, pensant que l'eau devait être glaciale, ainsi qu'un autre de Têtenbulle - on ne sait jamais, peut-être faudrait-il faire pas mal d'apnée ?. Une fois qu'elle eut mis la tête sous l'eau, son souffle commença à s'adapter à ce nouveau milieu. Elle regarda si son amie était à ses côtés puis se mit à nager avec de lents mouvements pour économiser son énergie déjà mise à mal par les évènements de la journée. Aussi loin qu'elle pouvait voir, les roches les environnaient. Impénétrables. Elle s'approcha d'une stalagmite énorme qui lui bouchait la vue de l'autre côté. Il y avait derrière une ouverture assez large, et lorsqu'Alice s'y engagea, elle remarqua que c'était une sorte de cheminée.
Alice se félicita de ses sorts. En effet la remontée dura plusieurs minutes, et si elle n'avait pris aucune précaution, elle serait déjà morte noyée. Les parois de la cheminée naturelle étaient remarquablement lisses, impossible de s'y accrocher, il fallait y aller à la force des jambes et des bras.
Le rond de lumière au-dessus d'elle apparu, se fit plus brillant, et rayonna enfin quand Alice émergea à la surface de ce qui semblait être un lac terrestre cette fois. Elle respira longuement l'air environnement, son sort de têtenbulle s'étant annulé dès qu'elle avait rejoint l'atmosphère habituelle. Alice fit du srplace en attendant Angélique. Elle faillit s'inquiéter en ne la voyant pas tout de suite arriver, mais finalement c'était un simple contre-temps, et les jeunes filles furent bientôt réunies. Alice repéra la berge du lac et la montra à Angélique.
Elle ne reconnut pas tout de suite l'endroit où elle était. Ce ne fut qu'après quelques instants qu'elle les remarqua. Les toits. Trop familiers pour qu'elle puisse se tromper.

"Angélique !! Regarde là-bas !! C'est Poudlard !! On a réussi !!"

Décidément la joie d'Alice fut de courte durée. À peine le temps de se dire "ouf on est sauvées", que déjà les ennuis refaisaient surface. Elle avait toujours cru que c'était son frère qui avait le don de s'attirer les problèmes, mais après tous les évènements de la journée, Alice arriva à se convaincre que ce devait être là un trait de caractère typique de la famille Bellamy.
Le lac était vraiment très grand, et à moins d'être un champion olympique de natation, toutes les deux n'atteindraient le rivage qu'après au moins dix minutes de nage sans s'arrêter. Alice commençait à sentir ses jambes et ses bras s'engourdir, les crampes arriveraient bientôt si elle continuait à faire ainsi du surplace.

"D'accord d'accord, partons vite d'ici. On a pas survécu à tout ça pour être noyées par un calamar, zut !" fit-elle d'une voix affolée.

Alice recommença à nager, essayant à tout prix de se concentrer sur les mouvements qu'elle faisait. Un, deux, trois. Ne pas penser au calamar. Un, deux, trois. Ne pas penser à tout ce qu'il y avait sous elle. Un, deux, trois. Ne pas faire attention aux remous qui arraivait droit devant elle et qui...

"Attention ! Il nous a vues !" cria-t-elle de toutes ses forces, même si à ce stade il ne lui en restait plus beaucoup.

Alice jetait des coups d'oeil frénétiques derrière elle pour voir si Angélique l'avait entendue. Devant elle les vaguelettes devenaient de plus en plus hautes. Puis elle sentit une sorte de tentacule s'enrouler autour de sa cheville. Elle cria, inutilement. Elle fut happée sous l'eau. Alice eut le réflexe de jeter un sort de défense, avant de manquer d'air. Heureusement qu'elle s'y était prise l'année dernière pour apprendre les sortilèges informulés... Les professeurs devraient vraiment revoir l'ordre de leurs priorités.

*En même temps ils ne doivent sans doute pas penser que les élèves auront à se retrouver si vite dans un lac aux prises avec un calamar géant* lui souffla une petite voix dans sa tête.

Certes. Il n'empêche qu'elle se félicitait d'avoir passé autant de temps à la bibliothèque pour apprendre toute seule. Son sort atteint son but, mais de justesse, ce qui signifiait qu'elle n'aurait pas de deuxième chance. Le calamar laissa tomber la partie et s'éloigna paresseusement. Alice eut peut qu'il s'en prenne à Angélique et se dépêcha de remonter à la surface. Ses bras étaient fatiqués, elle manquait d'air et elle peinait à se tracter vers la lumière. Ce serait si simple de lâcher prise et de se laisser tomber, tomber, tomber...
Un éclair de douleur lui fit reprendre connaissance. Elle employa ses dernières forces pour s'obliger à nager encore. Lorsqu'elle émergea à la surface du lac redevenu paisible, la lumière du jour l'aveugla presque. Elle respira profondément et s'aperçut qu'elle n'était plus qu'à une centaine de mètres du rivage. Soit elle avait dérivé à cause des courants (dans un lac ?). Peu probable. Soit le calamar l'avait emmenée plus loin que prévu. Et si il n'avait pas cherché à l'attaquer mais juste à l'aider ? Mais ce n'était pas le moment de se poser ce genre de questions. Alice commença à s'affoler.

"Angélique ? Où tu es ?" hurla-t-elle.

Il y eut un bruit de chuet près d'Alice. La jeune fille se retourna juste à temps pour voir une aile d'aigle disparaître sous l'eau. Alice ne perdit pas de temps à se poser des questions. Son instinct lui disait que ce devait être Angélique. Elle rassembla ses dernières forces et plongea sous l'eau. Elle vit une silhouette humaine : étant sans doute épuisée, Angélique avait repris son apparence normale sans le vouloir. Alice attrappa son amie par la taille et la ramena à la surface. Elle reprit son souffle et poursuivit jusqu'au rivage, où elle se laissa choir quelques minutes après. Elle vérifia qu'Angélique respirait, puis quand elle fut sûre qu'elles ne risquaient plus rien, la fatigue accumulée pris le dessus et elle s'endormit.

Il y avait sur le lac, comme flottant au-dessus de l'eau, une silhouette qui l'appelait. Elle était en danger. Alice ne pouvait rien faire, bloquée par quelque chose d'invisible. Elle hurlait un prénom qu'elle ne comprenait pas, puis une tentacule l'agrippa, la faisant glisser encore et encore sous l'immensité bleuté de ce qui n'était plus un lac mais un océan...

Alice se réveilla en sursaut. La tentacule de son rêve n'était qu'une algue que le courant avait amenée sur le rivage. Combien de temps avait-elle dormi ? Quelques minutes ou quelques heures ? Le château n'était qu'a quelques centaines de mètres. L'aventure était terminée. Il allait falloir reprendre le cours d'une existence normale. Néanmoins Alice savait que cette journée resterait à jamais dans sa mémoire. Elle s'approcha d'Angélique, toujours étendue près d'elle.

" Angélique ? Réveille-toi ! On est de retour dans le monde normal..."

Alice eut un grand sourire en voyant qu'Angélique se portait bien, et qu'elle n'avait pas perdu la parole ! Elle écouta ce que son amie lui disait puis hocha la tête pour montrer qu'elle était d'accord. D'un mouvement de poignet elle fit exécuter à sa baguette un sort de séchage. En moins de deux minutes les jeunes filles furent débérarrassées de l'eau sur leurs vêtements, et il était désormais impossible de croire qu'elles aient fait un tour dans le lac.

"J'aimerais qu'on ne dise rien à personne. D'abord parce que tu as raison, on serait punies, voire peut-être renvoyées, mais aussi parce que des gens mal intentionnés risqueraient de vouloir aller jeter un coup d'oeil dans la salle du trésor et ça pourrait mal tourner."

Alice croyait fermement à ce qu'elle venait de dire. Elle se sentait capable de cacher la vérité même à sa famille, puisqu'elle aurait toujours Angélique pour parler de cette aventure si jamais elle se pensait sur le point de craquer.

"Oui on aura qu'à dire qu'on se baladait, au pire on jouera les naïves" rigola Alice.

La jeune fille commença à grimper la pente qui menait au parc de Poudlard, tout en attendant la réponse de son amie.

Alice fut ravie d'entendre qu'Angélique était de son avis. En effet elles étaient désormais les gardiennes de ce secret, et il faudrait en être digne.

"Oui tu as raison, je ne pense pas qu'on fasse toute une enquête pour savoir où étaient passées deux filles pendant trois heures !"

Trois heures. Alice savait très bien que tous les environs de Poudlard étaient imprégnés de magie, mais là elle en prenait vraiment conscience et la grandeur du monde auquel elle appartenait lui fit tourner la tête. Alors qu'elles avaient l'impression d'avoir disparues une journée au moins, la montre d'Alice ainsi que les étoiles lui avaient appris que leur aventure n'avait duré en tout et pour tout que trois heures. Il faisait déjà nuit, l'hiver n'était pas encore tout à fait parti, surtout dans cette partie là de la Grande Bretagne. Alice réalisa qu'elle n'avait manqué que le cours de sortilèges, puisqu'après elle avait une heure d'étude. Le professeur Flitwick l'aimait bien, elle n'aurait aucun problème pour se faire excuser de son abscence. C'était parfois pas mal de bien se tenir en cours.

"Ecoute, je sais pas ce qu'il va se passer maintenant, en tout cas je voulais te dire que tu as vraiment été géniale aujourd'hui, sans toi je suis sûre que je serais encore dans ce labyrinthe ! On a peut-être failli y passer quelques fois, mais au moins on aura pu faire connaissance, parce que je sais pas si on aurait pu se parler un jour sans cela, à cause des emplois du temps, enfin tu vois quoi !" termina Alice avec un sourire.

Elle étaient arrivées devant la grande porte. Encore un pas et elles retrouveraient la chaleur de Poudlard et les rires de leurs amis. Il faudrait faire bonne figure, même si pour sa part, Alice n'avait qu'une envie, aller dormir, et très longtemps.

Alice sourit à son tour.

"Ouais, merci."

Lorsqu'Angélique lui dit son intention d'aller aux cuisines, Alice se rendit compte qu'elle-même n'avait pas très faim. Autant elle pouvait passer une matinée entière assise sur une chaise à suivre un des cours monotones du professeur Binns et se retrouver affamée à midi, et autant là après toutes ces aventures elle ne ressentait pas la moindre faim. Elle ne trouvait pas ça tellement bizarre, après tout elle avait eu à penser à tant de choses, alors la nourriture lui était passé bien au-dessus de la tête. Et maintenant elle sentait qu'elle aurait pu s'endormir debout, alors pour manger, on verrait le lendemain.

"D'accord, moi je pense que je vais aller me coucher, sinon je vais tomber de fatigue je crois." rigola Alice. "On se dit au revoir ici alors. J'espère qu'on se reverra bientôt, et qu'on pourra parler de tout ça à tête reposée."

Alice serra son amie dans ses bras et lui fit un petit signe de la main tout en commençant à monter les marches des escaliers qui la mènerait à la tour de Serdaigle. Cela lui faisait très bizarre de croiser tous ces visages familiers si insouciants de ce qui se cachaient sous leurs pieds. Arrivée en haut du premier étage, la jeune fille se pencha pour voir si Angélique était encore là. Elle était partie. L'aventure prenait fin ici, dans le flot des élèves. Pour aujourd'hui au moins...